Du 22 au 24 mai dernier, se tenait la 19ème rencontre du réseau francophone d’experts en mobilité urbaine, conviviale et sûre, appelé réseau RUES.
Un événement annuel d’échange de bonnes pratiques entre des associations, collectivités, ministères et centres de recherches issus de plusieurs pays : France, Suisse, Luxembourg, Québec, Italie et Belgique. Cette année, c’est l’Italie et plus précisément la belle ville de Bologne qui nous accueillait, l’occasion pour nous d’y faire quelques visites de terrain, à pied bien sûr (et de manger un gelato en passant) !
Bologne, ville 30
C’est en juillet 2023 que la ville de Bologne est devenue la plus grande ville italienne à généraliser le 30 km/h pour toute la zone urbaine située à l’intérieur du périphérique autoroutier. Le 30 est devenu la règle et le 50 l’exception. Fruit d’un long processus, de la première zone 30 en 1989, à la fermeture du centre-ville aux voitures le week-end ; la volonté des autorités locales était d’offrir plus de sécurité sur les voiries à tous les usagers, moins de bruit et de pollution. Avec comme objectif la réduction de 40% des émissions de gaz à effet de serre pour 2030.
Pour réussir la mise en œuvre d’une telle mesure, la ville a opté pour une stratégie complète en se donnant pleinement les moyens de ses ambitions. A commencer par des interventions majeures de transformation sur les espaces publics représentant pas moins de 24 millions d’euros de budget :
- Pour augmenter la sécurité des voiries grâce à des dispositifs ralentisseurs de vitesse ou des (ré)aménagements de traversées ;
- Pour promouvoir la mobilité durable avec de nouvelles places piétonnes, places et rues scolaires, pistes et bandes cyclables, nouvelles lignes de transports en commun;
- Pour favoriser l’accessibilité universelle notamment avec un meilleur entretien des trottoirs ;
- Pour améliorer la qualité générale de l’espace public en créant entre autres des nouvelles centralités urbaines dans les quartiers.
Parallèlement, une signalisation adéquate a également été installée à chaque entrée de la ville pour informer les automobilistes.
Autre élément incontournable de la stratégie bolognaise (ça donne faim), la communication massive de la mesure et l’éducation des usagers. Particulièrement bien développée, la communication se base sur la création d’une charte graphique unique reprise sur des bâches partout dans la ville, des cartes à dispositions et un site internet spécifiquement dédié à l’explication de la ville 30 : bolognacitta30.it.
Issue d’une volonté politique locale forte, Bologne 30 fait pourtant l’objet de vives contestations au niveau national malgré les bienfaits évidents d’une telle mesure. La ville et le ministère sont d’ailleurs en justice. D’autres villes italiennes la soutiennent néanmoins comme Bergame, Trévise et Gênes.
Rimini, ville balnéaire marchable
A Rimini aussi les piétons sont les bienvenus ! Ville sur la mer qui invite à la détente, depuis le nouveau plan de mobilité de 2018, elle a voulu remettre la mobilité active et durable au cœur de ses espaces publics.
Les cyclistes bénéficient aujourd’hui d’un service de location de vélos et de trottinettes, d’un vaste parking couvert sécurisé aux abords de la gare, et de la création de 130 km de pistes cyclables organisées en 8 lignes. Toutes les 10 minutes circule le long de la côte le « metromare », un bus à haut niveau de service électrique (similaire à un tram). Son prolongement futur permettra de relier l’aéroport au parc des expositions. La ville a également étendu sa Zone à Trafic Limité (ZTL) qui restreint la circulation des véhicules dans le centre historique et sur le bord de mer (Parco del mare nord).
Concernant les piétons, des changements de taille les impactent positivement. La digue jadis dédiée à la voiture et au stationnement, s’est métamorphosée en une vaste promenade de bord de mer (« lungomare ») arborée et strictement réservée aux piétons et cyclistes dans sa partie sud (une ZTL au nord).
Le centre historique n’est pas en reste avec un parking devenu une place piétonne munie d’un miroir d’eau mettant bien en valeur le château médiéval (Castel Sismondo), un pont romain traversé par 13 000 véhicules par jour fermé à la circulation, l’aménagement d’un parc et de pelouses en bordure d’un canal, l’installation d’aires de jeux pour les enfants ou encore le réaménagement complet des abords de la gare.
Encore une rencontre riche en débats et visites sur la thématique de la mobilité active dans un décor de rêve et avec une ambiance au beau fixe ! Finalement pas moins de 35 km à pied pour notre chargé de mission sur place, mais il fallait bien ça pour éliminer les pâtes et glaces consommés durant les promenades ! A la prochaine réseau RUES…